Système Anti-Viol
Violeurs, prenez garde. Un nouveau piège à violeur à été conçu en octobre 2005 par La Sud-Africaine Sonette Ehlers : Le Rapex. Cette invention unique, brevetée mais pas encore commercialisée, est destinée à protéger les femmes contre les violeurs.Grosso modo, il s'agit d'un préservatif féminin dont les « épines » se plantent dans la peau du pénis du violeur. Voir photo.
Cette "innovation" s'explique par le fait que, selon la police sud-africaine, il y a plus de 50 000 viols rapportés par an. Selon le tissu associatif, un viol est commis toutes les 26 secondes.
Sonette Ehlers confie à Afrik qu'en 1959, "« J’ai rencontré au service transfusion où je travaillais une jeune
fille d’ethnie tswana qui avait été violée. Elle avait tant de peine
sur son visage... Elle m’a dit : ‘Si j’avais eu des dents à cet
endroit !’ J’ai alors promis de faire quelque chose un jour pour
empêcher ce genre de choses. Deux ou trois semaines plus tard, j’ai
rencontré près d’un théâtre deux médecins venus aider un homme qui
s’était coincé le pénis dans la fermeture éclair de son pantalon. Il ne
pouvait pas bouger et criait de douleur. C’est comme ça que j’ai eu
l’idée de créer quelque chose qui empêche de courir et de bouger et qui
ne peut pas être enlevé ailleurs qu’à l’hôpital. Mais, à l’époque, il manquait les matériaux pour réaliser ce que
j’avais en tête. Il y a cinq ans, nous avions ce qu’il fallait. Un
ingénieur est venu d’Angleterre pour m’aider à concevoir le
préservatif. Il y avait aussi d’autres spécialistes. Le prototype a été présenté le 31 août 2005 à
Kleinmond, dans la Province du Cap. Le résultat : le RapeX. Ce
dispositif de sécurité, qui ressemble à un tampon creux à l’intérieur,
est fait de latex et de plastic. L’agresseur ne sent rien en pénétrant
le vagin, mais la première fois qu’il tente de revenir en arrière, il
est accroché : le plastic est taillé en pointes très pointues et
courtes qui agrippent la peau de son pénis. Les pointes ne pénètrent
pas profondément, l’objectif n’est pas de blesser. J’ai appelé mon invention RapeX parce qu’en anglais le X signifie la
fin (et le mot ‘rape’ se traduit ‘viol’, ndlr). Le RapeX, c’est la fin
du viol parce qu’un violeur qui sera piégé et ne pourra pas
recommencer. Car dès que son pénis est accroché, la douleur est si vive
qu’il ne s’occupe plus de sa victime. Elle peut donc s’enfuir car le
préservatif est sorti de son corps. Mais le violeur, qui souffrira
beaucoup et ne pourra plus uriner tant que le RapeX ne sera pas retiré,
sera obligé de se rendre à l’hôpital ou chez la police. Les autorités
sauront alors que c’est un violeur".
L’inventrice explique par ailleurs que des spécialistes ont testé le
RapeX et conclu qu’il ne présentait aucun risque ni pour la femme ni
pour l’homme et protégeait bien des maladies sexuellement
transmissibles. « Il n’y a aucun moyen qu’elle attrape le sida ou tombe
enceinte », certifie Sonette Ehlers. Important dans un pays où près
d’un adulte sur cinq serait porteur du virus du sida. Le « dispositif
de sécurité » à usage unique se place, comme un tampon hygiénique, à
l’aide d’un applicateur spécial. Pour le retirer, une autre aide est
prévue. Sonette a elle-même testé son dispositif anti-viol et indique
ne pas le sentir.
Mais au lieu d'être salué par la société civile sud-africaine, le préservatif-piégeur-de-pénis est vivement critiqué. Un certain nombre d'associations ont dénoncé cette trouvaille. Chantel Cooper, la directrice de Rape Crisis du Cap
(Sud), organisation de lutte contre le viol, observe des défauts
majeurs au RapeX. « (...) Ce dispositif crée la perception que les
femmes doivent être responsables de leur propre sécurité. (...)
Pourquoi ne nous demandons-nous pas pourquoi les hommes violent et
pourquoi nous ne nous concentrons pas sur ce qui doit être fait pour
empêcher les hommes de violer ? Ce dispositif ne s’adresse pas aux
causes du viol et ne vous protégera pas d’être violée puisqu’il
s’active seulement lorsque le pénis entre dans le vagin. Il y a
plusieurs formes de viol, comme le viol oral ou anal. Les femmes sont
aussi violées avec divers objets ou collectivement. Ce dispositif ne va
pas aider les femmes qui se font violer de nos jours. Ce dispositif
rendra les femmes plus vulnérables aux réactions violentes du violeur
et la possibilité d’être violemment blessé ou tuée est accentuée. Il y
a aussi le risque que les violeurs ‘testent’ pour voir si la femme
porte le dispositif en utilisant un objet et après il la violera en
utilisant son pénis », énumère dans un communiqué. Cette
vision reflète la vision de plusieurs opposants aux RapeX. Beaucoup
d’entre eux estiment par ailleurs qu’accepter ce préservatif, c’est
intégrer la donnée « je peux me faire violer à tout moment » dans son
quotidien. « La solution n’est pas de changer le comportement des
femmes, mais de changer la société et la vision de la masculinité dans
la sexualité et de rendre le système judiciaire plus efficace »,
explique une militante luttant contre le viol.
D'autres pensent que cette méthode pour faire reculer l’agresseur est inhumaine. C’est le cas de Charlene Smith, très active dans la lutte contre le
viol, dont elle a elle-même déjà été victime. « C’est un instrument
médiéval, basé des notions de haine des hommes et qui comprend
fondamentalement mal la nature du viol et la violence contre les femmes
dans cette société. C’est vindicatif, horrible et dégoûtant. La femme
qui a inventé ça a besoin d’aide », aurait-elle expliqué au journal
britannique Times. Elle aurait déclaré au Los Angeles Times
que l’invention « remonte au concept de la ceinture de chasteté » et
que « nous n’avons pas besoin de ces dispositifs de la part de gens qui
espèrent faire beaucoup d’argent sur la peur des femmes ». « L’un des
problèmes de cette invention, c’est qu’elle sera payante alors que les
gens les plus à risque sont ceux qui sont au chômage ou pauvres. Si
cette invention est vendue et que les violeurs le savent, ils risquent
de se concentrer sur les femmes pauvres qui ont peu de chances de la
porter », analyse une membre Rape Crisis du Cap.
Mais à ceux qui disent que le RapeX est « barbare », Sonette Ehlers répond :
« le RapeX n’est pas barbare. Ce qui est barbare, c’est le viol et il
faut quelque chose de barbare pour l’empêcher. Ceux qui critiquent le
préservatif ne savent pas de quoi ils parlent. Ils n’ont jamais vu et
n’ont jamais eu le préservatif dans la main ». Elle ne s’attendait pas
à tant de réactions négatives. Surtout des femmes. « Je m’attendais à
des critiques des hommes, mais pas des femmes. De nombreux hommes m’ont
contactée pour me dire qu’ils étaient contents de mon invention parce
qu’ils veulent que leur femme et leurs filles soient en sécurité »,
indique-t-elle.
Les adeptes seraient nombreux. « Beaucoup de femmes me demandent quand porter le RapeX. Je leur dis à chaque fois qu’elle sorte et qu’elle risquent de se retrouver seules ou qu’elles sortent avec un homme pour la première fois », souligne la femme dynamique. « Je suis pour cette invention parce qu’en Afrique du Sud, il y a trop de viols. Même les enfants en sont victimes. Le problème, c’est que les criminels ne sont pratiquement jamais jugés parce que c’est difficile de prouver qu’un père ou un frère vous a violé. Avec ce préservatif, il n’y a pas moyen de mentir », commente Carol. « Je ne l’ai pas eu dans les mains, mais je l’ai vu à la télévision. Je ne sais pas si il fonctionne, mais s’il est bien fait, c’est une bonne idée. Le viol est un sérieux problème ici », explique un docteur sud-africain.
Où se procurer le RapeX ? Pour le moment, il n’est pas encore commercialisé. La production devrait commencer l’an prochain. « Il devrait être vendu dans les pharmacies. Nous discutons du prix auquel il sera vendu. Je pensais à le vendre peu cher, un ou deux rands (environ 0,12 ou 0,25 centimes d’euros), mais le prix dépends de nombreux facteurs », avance Sonette Ehlers. Elle indique que le RapeX pourrait bien se retrouver sur des terres autres que sud-africaines. « La Malaisie et l’Europe sont également intéressés », souligne-t-elle. Les violeurs n’ont plus qu’à bien se retenir.